Si on me demande un jour comment je pourrais illustrer l’expression « une actualité en chasse une autre », à coup sûr, j’aurai en tête ces 23ème et 24ème semaines du calendrier 2020. Par un télescopage médiatique soudain, avec les réseaux sociaux pour caisse de résonance, le COVID-19 – qui circule toujours – semblerait devoir se conjuguer à l’imparfait pour mieux laisser sa place à une vindicte injuste contre la Police française.
La République ne fait pas de place au racisme. La Police française et la Gendarmerie nationale défendent la République. Comment en douter ? Il faut réellement avoir un goût prononcé pour la polémique et un projet de discorde pour faire d’événements outre-Atlantique la grille de lecture de choses qui se déroulent ici.
Non, les forces de l’ordre françaises (Police et Gendarmerie) ne sont pas racistes. Non, je ne m’aveugle pas sur les problèmes qui peuvent exister en leur sein.
Je récuse les faits généralisateurs et intégraux de notre époque. Ceux qui nient la nuance et présentent le monde en deux blocs. Dès qu’un sujet est là, on exige de vous de devoir adhérer sans réserve à l’un ou à l’autre.
D’un côté, il doit être possible de dire que la Police n’est pas raciste sans que cela vaille une collection de « isme » à vous en faire pâlir le XXème siècle. De l’autre, il doit être possible de dire que la Police française n’est pas raciste sans que cela signifie « tout va bien Madame la marquise ».
La mesure et la considération sont, dans ces moments, les espèces en voie de disparition des débats et des idées.
En tant qu’élue de la République, je soutiens la Police de notre pays. Je soutiens les forces de l’ordre de notre pays. Je soutiens les femmes et les hommes qui portent cet uniforme. Il est le témoignage de la vocation qui les anime. Le souhait de mettre son individualité en retrait pour protéger et veiller sur les Français. La plupart du temps, la dureté de leur quotidien nous échappe. À l’image des soignants ou des pompiers, ils font face à des événements que nous ne parvenons pas toujours à imaginer ou à nous représenter.
Par exemple, une enfance et une jeunesse à Cusset ne vous préparent en rien aux hurlements de sirène sur les boulevards parisiens, à l’image de ceux que j’ai pu entendre en 2015. Pourtant, je me souviens très bien de ces femmes et ces hommes applaudis par tous, comme s’il avait fallu la lumière d’un malheur pour pouvoir considérer ce qu’ils représentaient pour la République, pour nous.
Certainement qu’il y a des dérives dans la Police, des propos et des gestes inacceptables. Les policiers, eux-mêmes, les dénoncent et les dénonceront, car lorsqu’on est attaché à l’uniforme que l’on porte, on ne le laisse pas être sali par qui que ce soit.
Le sentiment que j’ai éprouvé en janvier 2015, défilant avec tant d’autres, je le conserve aujourd’hui et je veux le garder avec constance, loin des fracas anonymes des réseaux sociaux. Ce sentiment n’est pas un bandeau ni un bâillon, il est simplement un appel à prendre de la hauteur.
Pour ma part, ce ne sera ni vindicte, ni accusation, ni excuses, ni blanc-seing. Un simple respect exigeant vis-à-vis de l’institution, des hommes et des femmes qui la font vivre quotidiennement. Je leur renouvelle donc ma confiance et mon soutien.
(Illustration Sylvain Pongi)