La loi et le pouvoir sont intimement liés. Ils constituent le socle des gouvernements de nos sociétés. Ils protègent les citoyens qui, sans eux, peuvent devenir des marionnettes à la merci de puissances sans foi ni loi. Pourtant, ils ont perdu de leur superbe. Le danger est immense : ils ne s’imposent plus qu’à un monde en voie de disparition.
La confusion est devenue immense. Notre monde réel a basculé pour partie dans la sphère numérique et financière. La dématérialisation des relations entre les citoyens, entre les citoyens et leurs gouvernants, entre les Etats eux-mêmes, des échanges économiques, impose de faire une pause. Il devient urgent de se poser la question de l’adéquation des règles qui régulent ces relations, de la forme de nos gouvernements, qui ont pour sous-jacent, les millénaires passés.
Nous sommes entrés incidemment dans un nouvel espace dont nous ne maitrisons pas la constitution (une infime partie de la population sait coder, maitrise le développement d’algorithmes et leur puissance), où notre capacité à raisonner doit être renforcée pour protéger notre liberté car les effets de communautés qui peuvent être assimilés à la folie des masses y sont très puissants.
Cet espace intangible ne doit pas nous échapper. Il ne doit pas être envahi par le vide. Il ne doit pas être l’espace de l’oubli. La société du numérique semble être née sans loi naturelle. Or, c’est notre société qui s’y est en partie déplacée. Il faut faire entrer l’Histoire et assurer la transmission de nos valeurs dans cet espace… pour ne pas commettre les erreurs du passé, pour ne pas disparaitre dans l’indifférence générale.
Les réseaux sociaux, parallèles de nos vies, de nos loisirs, de nos réunions de famille, du monde politique, s’ils donnent l’illusion d’un pouvoir horizontal, d’un espace où le pouvoir serait partagé et le même pour tous, il n’en est rien. Certains dont on peut interroger la légitimité y ont un pouvoir immense. Notre inconscient y adhère. Pourtant, cette société déjà bien constituée doit définir en conscience le partage du pouvoir et définir la loi, cette loi « conçue pour restreindre la force de chaque citoyen pour faire de la place à la force de ses concitoyens (Hannah Arendt).
On nous objectera que cette société digitale se veut ingouvernable. Or, la nature ayant horreur du vide, ne faut-il pas définir une nouvelle forme de gouvernement rapidement pour éviter le surgissement d’un gouvernement dont la forme serait bien pire que les formes perverties des gouvernements traditionnels ?
Redéfinir ce qu’est le pouvoir politique qui aujourd’hui est devenu un mirage car dilué (quel pouvoir du politique sur le monde financier?), non reconnu ni vraiment utile pour cette société numérisée. Redéfinir dans cet espace digital les relations entre les gouvernants et les gouvernés. Définir la loi qui s’imposera, définir sa nouvelle forme de gouvernement.
Pendant que le législateur crée la loi du monde tangible, qui se restreint chaque jour davantage, il perd en légitimité et en pouvoir. Devenons les Parlements du XXIème siècle.